Stage FDE de la FSU – 4 et 5 février 2015

Le stage a rassemblé environ 70 personnes, maîtres formateurs, tuteurs, enseignants 1er et 2d degrés intervenant dans la FDE, enseignants et enseignants chercheurs… venus de différentes ESPE. Constats, partage d’informations et réflexions sur les revendications urgentes et à plus long terme.

Des constats, des informations partagées :

Une gestion néolibérale de l’université et la logique LRU ont entraîné des pertes de postes de l’ex-IUFM, des transformations de postes MCF ou PU en ATER (quelle place pour la recherche ?), des mutations de postes ESPE vers les services centraux de l’université. La situation devient catastrophique.

Les conditions de travail sont très fortement dégradées : suivi d’éléments de diplôme disparates dans une injonction académique intenable à harmoniser des contenus, fragmentation et émiettement de l’activité des enseignants et formateurs académiques liées aux contraintes universitaires de calendrier, évaluation, sentiment de déprofessionnalisation et empêchement à travailler comme on le souhaiterait.

Le sens de la formation est lui-même en danger : considérés comme des moyens d’enseignement, les M2 ne sont pas affectés sur la base de critères de formation. Ils ne voient qu’une seule classe, sont quelquefois deux FS sur une même classe, se trouvent débordés par la charge de travail qu’implique une responsabilité de classe insuffisamment préparée etc.

Face à cette surcharge, et étant donné la place actuelle du concours, les stratégies des étudiants et FS sont évidentes. Ils « consomment » les UE en faisant soigneusement jouer les possibilités de compensation en vue de la validation d’éléments de contenus dont ils ne perçoivent pas le lien avec le métier. On parle encore de formation ? Le COSP de Bordeaux prévoit de réduire les maquettes de moitié !

La mise en place des équipes plurielles doit surmonter des obstacles à la fois politiques, culturels et pragmatiques. Cela nécessiterait des temps et des lieux de rencontre pour échanger, construire, se former. Au lieu de cela, l’implication des PEMF dans la formation est dans certaines ESPE entièrement absorbée par la très lourde charge de visites de stagiaires. Partout les contraintes sont telles qu’il est impossible de mettre en place de la co-intervention, les contacts avec les enseignants universitaires, source d’apports, de collaboration, de réflexion, sont impossibles faute de lieu et de temps pour échanger. Elle apparaît le plus souvent et au mieux comme une alternance d’interventions des uns et des autres, sans réflexion sur les contenus en amont, sans projet et sans réelle collaboration. Les enseignants et étudiants se plaignent de cet émiettement, qui alourdit aussi l’évaluation.

Dans ce contexte, la formation est menacée et on (ré)entend ici ou là qu’avec un peu de bon sens, d’observation et de suivi, on peut enseigner. C’est ce qui est proposé dans l’académie de Créteil quand le ministère envisage d’employer des étudiants M1 comme contractuels !

Comment alors faire passer l’idée que la formation est une condition d’exercice du métier ?

Derrière les constats, l’analyse fait apparaître la nécessité et l’urgence d’une remise à plat de l’ensemble du parcours de formation, qui articule formations initiale et continue et investisse les années post-master.

Que faut-il modifier ? Les leviers identifiés

1. Donner du sens à l’alternance :

réduire temps de stage M2 ; organiser une entrée progressive pour tous, permettant de voir différents niveaux et contextes de classe ; assurer la dimension nationale de la FDE

2. Etablir un cadrage ministériel sur les conditions de constitution des équipes plurielles :

décharge augmentée pour les PFA et PEMF, organisation et prise en compte du travail de collaboration PEMF / PFA / ESPE / UFR sur temps de service, maintien des sites départementaux ; intégration de toutes les activités liées à la FDE dans les maquettes et les services des enseignants, fléchage de moyens pour la co-animation, facilitation de l’accès des formateurs académiques 1er et 2d degrés à de la formation de formateurs et à des projets de recherche menés à l’ESPE

3. Reconnaissance de l’expérience et des compétences des équipes

passe par le fait de redonner du poids à leur présence dans les différentes instances de l’ESPE

4. Rétablissement de la formation continue en lien avec la FI :

avec les moyens de co-animation et la prise en compte des interventions dans les services des enseignants ; décharge de service d’enseignement pour les années T1 et T2 pour bénéficier du temps nécessaire à l’entrée dans le métier (contexte d’exercice)

5. La réflexion sur le prérecrutement se situe dans la nécessité de répondre à trois problèmes différents :

– dimension sociale étudiante > allocation d’autonomie pour tous les enseignants ; prérecrutement au niveau bac sur mention ne permettrait pas forcément de toucher les catégories en question

– besoins du service public : il y a des filières déficitaires, pour lesquelles on a connu des alloc d’études pour financement des études > mm nature de pb que postes PE déficitaires à Créteil par exemple (concours suppl ouvert à une autre date que les autres acad)

– investir dans des choses plus exigeantes, voie d’excellence > alors le penser pour l’ensemble de métiers enseignants

Pour tous ces problèmes il faut des solutions – prérecrutement ou autre.

 

Voilà les conditions d’un véritable « rétablissement » de la formation des enseignants !

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