Les EAP… nouvelle formule 2015 ? Encore raté !

16 septembre 2015 : réunion de « concertation » au ministère, donc, à propos d’un projet de circulaire sur les Etudiants Apprentis Professeurs (oui ça fait « EAP », et c’est bien présenté comme la transformation des ex-Emploi Avenir Professeur ») – projet qui, soit dit en passant est déjà bien entériné avant consultation syndicale puisque les appels à candidature sont déjà disponibles dans les académies (sur le site de l’académie de Bordeaux par exemple !).

Malheureusement, le ministère, dans ce projet de circulaire, ne tire aucune leçon du ratage de la mise en place des EAP première version. Pourtant, des alternatives existent !

Présents : ministère + FSU (snuipp, snes, snep, snesup), CGT, UNSA, SGEN, FO, SNALC

Présentation par M. Ribiéras :

  • ce dispositif « Etudiants Apprentis Professeurs » se substitue aux ex-EAP (Emploi Avenir Professeur) à la rentrée 2015
  • plus sous statut de contrat aidé mais statut d’apprenti (dans le cadre de la relance de l’apprentissage dans la fonction publique)
  • qqes aménagements rendus nécessaires, mais en gros calqué sur droit commun apprentissage, circulaire printemps 2015
  • concerne : étudiants L2, L3 qui ont le projet d’être enseignants ; pour disciplines « en tension » (800 recrutements PLC, 200 PE)
  • exEAP réservé aux boursiers, ici priorité aux boursiers mais pas exclusif
  • volets formation / contenu / durée du contrat… adaptent dispositions de droit commun
  • note de service définit les attendus du rôle du maître de stage (tuteur)
  • calendrier urgent pour mise en œuvre dès l’année scolaire en cours (envoi aux recteurs rapide)
  • projet aura vocation à s’articuler avec mécanisme M1 « en alternance » tel qu’expérimenté cette année à Créteil et Guyane

Remarques FSU à la lecture du document (sur bcp de points, autres syndicats présents font les mêmes remarques et personne n’a défendu ce texte)
– insuffisance de la rémunération (en-dessous du seuil de pauvreté pour un jeune de moins de 21 ans)
– perte des bourses (donc pas du tt intéressant financièrement pour les boursiers aux taux les plus élevés) et aucune certitude sur maintien des droits afférents (logement ?)
– imprécision sur le volume horaire exigé : 2 1/2 journées, ça peut faire 6h, 8h etc. aucun garde-fou
– aucun lien dans le texte avec la dimension de la formation, aucune articulation avec l’université (si ce n’est que le stage doit délivrer ECTS…)
– dispositif pas adapté à l’objectif de démocratisation (faible rémunération, pb pour boursiers), pas non plus adapté à l’objectif d’enrayer la crise du recrutement (se limite aux jeunes, très peu de postes prévus, très éparpillés – ne sollicite pas les chômeurs ou reconversions – aucun engagement demandé sur inscription concours…)
– conception problématique de la FDE et du métier d’enseignant, avec l’idée que le terrain forme… par la simple observation des gestes professionnels
– parti pris d’entrer par la question de l’apprentissage et l’emploi (apprentis de la fonction publique) au lieu d’entrer par la question de la formation et de la prépro, qui aurait dû être au centre de la réflexion, en associant ESPE dont c’est la mission
– impossibilité de libérer 2 1/2 journées dans un emploi du temps L2, L3 sans que cela amène les étudiants à rater des cours ; les effectifs prévus (entre 8 et 40 pour les PLC selon les académies) ne permettant pas de construire des parcours de licence spécifiques (on ne peut pas faire un groupe TD L2 pour 3 étudiants en maths, 2 en lettres etc.)
– dessine une voie royale « apprenti précaire » puis « M1 contractuel »… encore moins de formation !
– pas du tout à la hauteur du prérecrutement demandé (temps pour étudier) et pas modèle adéquat (alors que d’autres modèles existent ou ont existé (cf. ENA ou Normale Sup par exemple)
– en admettant que tous les pb soulevés trouvent solution, impossibilité absolue pour le sup de mettre en oeuvre à la rentrée 2015, ce qui voudrait dire adapter les maquettes L2, L3 en qqes jours, avec une année déjà démarrée et sans contenu de formation

A toutes ces observations, le ministère répond : calendrier contraint, volonté de répondre à la promesse des 4000 apprentis fonction publique.

Localement, si cela se met en place (comment ? en refaisant des maquettes en une semaine ? ou en autorisant les étudiants à rater des cours ?), il est important d’informer les étudiants qui seraient tentés par le dispositif  (cette année en PE normalement sont prévus : Guyane, Reims, Créteil, Versailles ; en PLC partout sauf Corse et Mayotte) de bien faire leurs comptes…
A Poitiers, sont prévus 16 places, en maths, lettres, anglais, allemand.

Pourtant, des alternatives existent : aides au financement des études, conventions Pôle emploi, soutien aux reconversions…

 

 

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