Rumeurs convergentes sur une réforme de la FDE

Depuis janvier, des bruits persistants et convergents en provenance des deux ministères (Éducation nationale et Enseignement supérieur, Recherche et Innovation) courent sur une nième réforme de la formation des enseignants. Commenter des déclarations “off” ne va pas sans risque… mais l’enjeu est tel que nous alertons dès à présent sur ce qui aggraverait la situation faite à la formation et, dans le droit fil des attaques gouvernementales généralisées contre les statuts, transformerait la nature même des recrutements.

La situation actuelle, avec un concours de recrutement placé au milieu du master (fin de M1), une année de stage pendant le M2 avec un service d’enseignement en responsabilité de classe à mi-temps devant élèves, fait l’unanimité contre elle. Ce qui s’annonce réussit l’exploit d’être (encore) pire et bien plus dangereux. Les ministères envisageraient de placer les épreuves d’admissibilité du concours en fin de L3. Les étudiant-es entreraient ensuite en master MEEF pour deux ans, la délivrance du titre de master valant in fine admission au concours. Le nombre d’admissibles serait à peine supérieur au nombre de postes (pour prévoir les éventuelles défections et les échecs au master).

Les admissibles, désormais seulement étudiants en master, ne seraient donc plus fonctionnaires stagiaires, comme le sont aujourd’hui les lauréats des concours de recrutement. Ils se verraient proposer des “stages” en “alternance”, sous statut de contractuels (⅓ temps en responsabilité en M1 et ½ temps en M2) et seraient pour cela rémunérés à hauteur de la quotité de service (400 € pour un tiers temps), alors que les stagiaires actuels sont payés à temps plein. Si cette “solution” est retenue – on voit bien les économies qu’elle autorise – , c’est, pour l’Éducation, la généralisation de l’entrée par contrat dans la Fonction Publique : une atteinte en règle contre la Fonction publique dont la disparition n’est plus une chimère depuis les annonces récentes du Premier Ministre. Cette réforme serait de même nature que celles qui ont visé les salariés, les fonctionnaires, les retraités, les cheminots, la santé… il s’agit d’attaquer tous les acquis des luttes ancrés dans des statuts, des codes.

Si le changement de paradigme semble bien avancé pour le premier degré, les ministères sont plus silencieux pour le 2d degré : professeurs des écoles d’un côté, des collèges et lycées de l’autre, en route donc pour le grand retour en arrière ?

Le pire sera(it)-il sûr ?

Les projets correspondent bien à l’air du temps de l’idéologie véhiculée par le Ministère de l’Éducation nationale  – primauté au “terrain” formateur par essence, concours et statuts perçus comme autant de “freins” bridant la “souplesse” des “parcours”  (forcément) “agiles”…

Lire aussi l’analyse de la CGT CGT-ESPE-fev-2018

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