Déclaration au CA de l’université de Poitiers, 10 juillet 2013

Déclaration des élus des listes « une nouvelle ambition pour une université de servicepublic » au CA du 10 juillet 2013

A propos du dossier d’accréditation de l’ESPE
Les élus des listes « une nouvelle ambition pour une université de service public » tiennent en
préambule à rappeler leur attachement à une formation des enseignants de qualité bâtie sur la
nécessaire articulation entre formation disciplinaire, didactique, initiation à la recherche et
connaissance du métier. Les coups portés contre ce « métier qui s’apprend » – pour reprendre
l’expression – ont été rudes depuis ces dix dernières années au point que nous nous retrouvons
aujourd’hui avec un grave déficit de vocation alors que les enjeux qualitatifs, quantitatifs et
stratégiques n’ont jamais été aussi forts.
Dans ce contexte, nous n’avons eu de cesse d’alerter la communauté universitaire mais aussi
les partenaires extérieurs des insuffisances et des dangers de la réforme dite « de refondation
de l’école » proposée par l’actuel gouvernement. Menée au pas de course, confondant vitesse
et précipitation et contenant en son sein des mesures contraires à l’objectif recherché, cette
réforme ne pouvait emporter l’adhésion de la communauté universitaire et de l’ensemble des
collègues impliqués dans la formation des enseignants qui ne s’attendaient pas à être une
nouvelle fois à ce point maltraités et méprisés.
C’est dans cet esprit de responsabilité que nous avons été à l’origine des deux motions portées
devant ce CA et adoptées par celui-ci. La seconde, en date du 24 mai, argumentait le sursis au
vote qui avait été décidé sur le dossier d’accréditation de l’ESPE en demandant quatre
garanties aux Ministères de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche :
– que le temps de stage en responsabilité pour les étudiants de M2 (maquettes pérennes)
n’excède pas le tiers temps et que des compléments de formation soient assurés par l’ESPE sur
les deux premières années de titularisation (sur temps de décharge) ;
– que les étudiants inscrits dans le dispositif EAP (emplois d’avenir professeurs) voient leur
temps de présence en établissement limité à 8 heures (+ 4 heures de préparation aux activités
et missions confiées) ;
– que tous les personnels de l’IUFM, quel que soit le site, soient transférés automatiquement à
l’ESPE s’ils le souhaitent ;
– que les sites départementaux soient maintenus.
Sur ces quatre garanties, seules les deux dernières ont été obtenues car elles relèvent de la
politique de l’Université de Poitiers et des choix de l’actuelle équipe dirigeante, et nous nous
en félicitons car elles sont de nature à défendre un meilleur accès aux formations des
enseignants. Mais les deux premières sont restées lettre morte, relevant selon vos propos, M.
Le Recteur, d’une négociation nationale sur laquelle le Gouvernement et le Parlement ne sont
pas revenus, ce que nous déplorons profondément.
Nous devons donc aujourd’hui nous prononcer sur une réforme et un projet assimilant les
étudiants de M2 à des moyens d’enseignement, à mi-temps en responsabilité dans une classe
alors qu’ils ont en même temps à mener une deuxième année de master. Nous avons fait
remonter dans toutes les instances de notre université les craintes des personnels IUFM
impliqués dans la formation des enseignants vis-à-vis des dangers de ce modèle de formation
et nous avons souligné sans relâche les problèmes posés par les maquettes proposées dans le
dossier d’accréditation qui n’assurent ni la formation à la polyvalence, ni une formation à et
par la recherche, ni une articulation suffisante entre savoirs, dimension didactique et
connaissance du métier, et qui ne sauraient donc prétendre à former de futurs enseignants
réflexifs.
En l’état, il faudrait a minima un engagement sur des compléments de formation en T1 et T2
assurés par l’ESPE, sur temps de décharge des enseignants, et, au-delà, un retour à une
formation continue digne de ce nom. Il nous faudrait aussi des réponses claires sur la question
de la prise en charge des frais de déplacement pour les stagiaires et sur la place des
inspecteurs d’académie dans les dispositifs pédagogiques.
Vous le constaterez avec nous, beaucoup d’éléments sont encore trop néfastes ou trop flous
pour que nous soutenions le projet proposé aujourd’hui. Compte tenu des garanties apportées
par l’équipe présidentielle sur deux de nos revendications, nous choisirons l’abstention afin de
bien marquer la différence que nous faisons entre les choix politiques portés par l’actuelle
équipe dirigeante, et ceux que devra assumer le gouvernement de F. Hollande, cette réforme
risquant fort de ne pas aboutir aux résultats escomptés.

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